Exposition Par la fumée . Du 5 octobre au 14 décembre 2024.

Crédit bonjour garçon studio
Crédit bonjour garçon studio

« Mémoires intimes et mémoires plurielles s’ancrent, pour l’exposition collective Par la fumée, dans l’histoire de POUSH, ancienne usine de la maison de parfums L.T. Piver. Les fantômes viendront susurrer à nos oreilles que les fragrances sont chargées d’histoires intimes et collectives et que leur souffle est puissant. Primaire il aurait, selon de nombreuses religions, animé la première âme. Collectif, il soulève les foules. Articulant mémoires, patrimoine/ matrimoine et émanations, une quinzaine d’artistes tisseront des ponts sensibles entre les imprégnations passées et l’aura des choses présentes.

Par la fumée, c’est certainement par là que POUSH a été imprégnée. Avant de permettre aux artistes d’avoir un pied au plus près de l’effervescence culturelle parisienne, le lieu abritait les anciennes usines de la maison L.T. Piver, maison de parfums vieille de plus de deux siècles (et par ailleurs toujours en activité). Fermée en 1976, l’établissement a accueilli jusqu’à 1500 employé.e.s enflaconnant l’essence des fleurs majoritairement grassoises d’alors : iris, violette, jasmin, ylang-ylang. Aujourd’hui, les murs qu’habitent plasticiens et plasticiennes sont imprégnés de cette histoire olfactive. L’odeur reste et tâche. Elle infuse les mémoires. Le bâtiment raconte le réemploi des vieilles pierres et les mille nouvelles vies que celles-ci voient s’épanouir, mais il chuchote aussi la présence auratique des fragrances passées. Les murs et les pavés soufflent un air d’antan, un air qui s’infiltre dans la pratique contemporaine et qui fait du vide sensible chargé de senteurs, un pont entre l’histoire et le temps présent. Si les odeurs sont matériellement non pérennes, elles permettent paradoxalement la plus vaste mémoire que nous ayons : une mémoire contextuelle et intime.

Cette mémoire raconte le vécu singulier de chacun et chacune, et lorsqu’elle se conjugue au pluriel, lorsqu’un souvenir s’accole à un autre, c’est toute l’histoire d’une société qui prend vie. Du premier souffle originel, primaire et essentiel qui selon la majorité des religions monothéistes aurait permis à un dieu de donner la vie au premier être humain, à celui, tonitruant du souffle révolutionnaire qui emporte les foules et fait déplacer des montagnes, il suffit d’une brise pour qu’apparaisse du sens et du partage. Alors, par la fumée, pourra être exhumée aussi bien la naissance du parfum (per fumum en latin) que pourra être matérialisé l’esprit des lieux. Par la fumée, l’intimité de ce qui se transmet silencieusement de génération en génération pourra surgir pour tisser une expérience commune, celle qui, comme l’envisage Marielle Macé se traduit en une respiration : « La respiration, c’est le contraire exact, et suffisant de la séparation. En sorte que chacune, chacun, sent que par l’air qu’il expire (l’air qu’il expire en buée, en déchets, mais aussi en gestes, en actes, et encore en phrases), il concourt à produire ce qu’on appelle “l’air du temps”. »

– Sandra Barré, commissaire de l’exposition

Avec Io Burgard, Anna de Castro Barbosa, Clément Cogitore, Anne Commet, Morgan Courtois, Kenny Dunkan, Anaïs Gauthier, Haonan He, Émilie McDermott, Roman Moriceau, Laure Prouvost, Antoine Renard, Adrien Tinchi, Morgane Tschiember, Ittah Yoda

Commissariat : Sandra Barré
Aide à l'inventaire du patrimoine culturel : Antoine Furio pour le Département de la Seine-Saint-Denis

Du 5 octobre au 14 décembre 2024, les vendredis et samedis de 14h à 19h
Vernissage le 5 octobre de 16h à 20h
Inscription gratuite ici

Avec le soutien de :
le19M, Grand Partenaire de POUSH
Fondation d’entreprise AG2R LA MONDIALE pour la vitalité artistique, Plaine Commune, Ville d'Aubervilliers

Io Burgard, Bartleby (détail), <em>Smell of moods</em>, Production Flair, Crédit : Lea Guintrand
Io Burgard, Bartleby (détail), Smell of moods, Production Flair, Crédit : Lea Guintrand
Antoine Renard, Vue de l'exposition <em>Veins</em> (les veines) aux Ateliers Vortex, Dijon, 2023, Crédits : Courtesy de l'artiste et de la galerie Nathalie Obadia, Production Ateliers Vortex, Photo : Pauline Rosen-Cros
Antoine Renard, Vue de l'exposition Veins (les veines) aux Ateliers Vortex, Dijon, 2023, Crédits : Courtesy de l'artiste et de la galerie Nathalie Obadia, Production Ateliers Vortex, Photo : Pauline Rosen-Cros