Exposition Obstiné.e.s, une proposition d'Yvannoé Kruger. Le samedi 5 avril 2025.
Image : Boryana Petkova, Mother Thongue, crédit photo Pavle Banovic
Sous la Coupole se déploie une exposition sans mur, sans refuge, sans relâche. Un espace de 2000 mètres carrés, un sol brut, une transparence totale. C’est là que prennent place — ou plutôt prennent corps — les gestes d’une vingtaine d’artistes engagés dans une expérience extrême : celle de la répétition, de l’endurance, de l’engagement jusqu’au bord.
Rien ici ne repose sur la démonstration ou la narration. Ce qui s’active, ce sont des corps. Des corps qui frottent, empilent, tracent, gravent, marchent, soulèvent, déplacent, écrivent, et recommencent. Pendant huit heures d’affilée. Sans pause. Sans relâche. Sans feinte.
Chaque geste est repris, repris encore, jusqu’à ce qu’il bascule. Le temps s’étire. Le lieu se transforme. Le regard du visiteur se décale. Ce n’est pas l’image qui est donnée, mais la persistance. Pas un résultat, mais une tension.
Dans cette architecture ouverte, sans cloison ni hiérarchie, les actions coexistent. Elles dialoguent, se croisent, se frôlent, parfois s’ignorent. Rien n’est spectaculaire, et pourtant tout est chargé. La densité vient de l’insistance, de la lenteur, de l’épaisseur du temps vécu.
Ce que l’on perçoit, c’est un art qui ne se satisfait pas de la forme : il cherche l’expérience. Une traversée. Le geste devient état. L’œuvre devient durée. Les artistes deviennent outil, mesure, architecture et épuisement.
On pourrait y voir des rituels. Ou des protocoles. Ou encore des résistances silencieuses. Des tentatives obstinées de déplacer le réel, de tordre les habitudes, d’user la matière jusqu’à la faille. Rien ici ne cherche à plaire. Tout cherche à tenir. Tenir debout. Tenir bon.
Ce n’est pas un spectacle. C’est une condensation.
De gestes simples, répétés jusqu’à l’usure.
De décisions tenues envers et contre la fatigue.
De présences fragiles mais fermes.
L’exposition se vit dans le temps long. Elle réclame attention. Elle ne s’impose pas, elle s’infiltre. Et dans cet espace partagé, quelque chose circule : une forme d’intensité nue, de beauté sans décor, une émotion sans pathos.
Dans une époque qui valorise l’instantané, l’efficacité, le changement constant, ce projet revendique l’inverse : la lenteur comme force, la répétition comme forme, la durée comme acte politique. L’obstination comme manière d’être au monde.
Avec Estèla Alliaud, Alice Anderson, Tina Atami, Anaïs Barras, Claude Cattelain, Arun George, Laurent Goldring, Tilhenn Klapper & Li Yun Hu & Lara Chanel, Félix Touzalin, Boryana Petkova, Siméon Starck, Albina Vakhitova, Felipe Vasquez et Yixuan Xiao.
Activation unique le samedi 5 avril 2025
12h-20h
Inscription gratuite ici