zzzz ssss, une proposition de Double Séjour avec Andrés Barón & Juan Pablo Plazas. Du 9 juin au 3 juillet 2021.
Pour ce nouveau temps fort de sa programmation, Double Séjour invite Andrés Barón & Juan Pablo Plazas, pour un Duo Show, « zzzz ssss » curaté par Thomas Havet du 09 juin au 03 juillet 2021.
L’exposition est visible sur rendez-vous du mercredi au samedi de 15h à 19h à Double Séjour au 15ème étage de Poush
RDV : calendly.com/doublesejour/zzzzssss
Plus d’informations : doublesejour.com
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Moment élastique
(Cute Fiction and Facts)
Andrés Barón et Juan Pablo Plazas sont complices. Ils travaillent des figures de style appliquées aux images en mouvement, à la sculpture, à l’installation et au ready-made. Aussi, dans un espace cubique, deux personnes évoquent l’exposition en train de se faire, ils relatent ce qui se déroule factuellement sous leurs yeux, mais en se répondant, se laissant aller à la fiction, adoptant le point de vue d’un visiteur étourdi.
comme c’est intéressant d’écrire au sujet d’un bureau dans un bureau qui lui ressemble tout rond je me demande si dans quelque temps il y aura des artistes qui vont arracher la moquette pour laisser apparaître le gris du béton mais je crois aussi que tout est déjà si étrange qu’ils n’ont voulu qu’ajuster l’étrangeté à la hauteur du quotidien dans un bureau où on peut voir des expos et où il y a ce parfum de bureau tout autour chacun fait semblant que c’est devenu autre chose puisqu’on y a tout enlevé sauf les fenêtres
où on voyait la ville et le temps qui passent qui se reflètent comme un paysage automatique dans les yeux des visiteurs habitués qui peuvent se pencher sur les objets posés qui n’en sont peut-être plus bercés par la lumière étouffée par les filtres blancs c’est peut-être ce qui donne cette impression que ce qui semblait évident s’est déplacé vers l’uncanny c’est amusant comme beaucoup de choses ne se traduisent pas
je suis intéressé par la désobjectification est-ce que c’est possible qu’est-ce que c’est de désobjectifier un objet c’est quand tout est mis aplati sur le même plan celui du mur où on voit un chien qui regarde un tourbillon et un homme qui tourbillonne sans cesse dans sa course ou plutôt c’est la caméra qui tourbillonne et cela n’a peut-être pas de fin et c’est à ce moment que le temps s’étire comme le rouge du crayon écrasé sur la feuille de papier filmée pendant que le chien attend et que le cadre se resserre alors que le noir s’écrase à son tour
mais les postures elles sont silencieuses le bruit vient de l’intérieur et le brouhaha c’est celui du décollement de la logique et de son évidence que l’on a laissé échapper comme un pas de côté que l’on rattrapera plus tard
à l’écran les personnages se délient d’eux-mêmes les images s’ouvrent les objets s’assemblent puisque le contexte de l’art autorise les déplacements et qu’à tout moment on pourrait s’asseoir sur ce qu’on regarde pour hang out traîner-là
être dans la lune c’est s’absenter de la réalité tout en étant là pourtant pas de trêve mais un moment élastique aux mouvements hypnotiques rêve ou revers les deux compères semblent étendre le temps sur plusieurs plans d’une manière qui évoque aussi bien l’horizon qu’un intérêt ludique pour la constitution de la matière comme quand on enroule un chewing-gum autour de son doigt et qu’on tire tire tire pour le voir s’allonger entre le bout du visage et l’extrémité de la main
de quoi sont fait les objets peut-être de bruits d’ambiance de monologues intérieurs d’humeurs de mood de motifs qui font que quand on les observe on aime leur prêter d’autres utilités qu’ils iraient chercher dans l’invisible de ce qui constitue leur climat leur ambiance leur circonstance et peut-être que la circonstance c’est l’arbitraire de l’affinité et peu importe puisqu’on se laisse rattraper par les dispositions de l’exposition
N.B : Ce texte sous forme de dialogue continu et spontané a été écrit dans un document en ligne partagé, très tard le soir et très tôt le matin. ”
Texte de l’exposition par Rémi Guezodje et Fiona Vilmer