Transformant, une œuvre de Cecilia Granara. Du 18 juin 31 mars 2022.

Cecilia Granara, <em>Transformant</em>, 2021 © Romain Darnaud
Cecilia Granara, Transformant, 2021 © Romain Darnaud

À l’issue d’un appel à création auprès des artistes de POUSH pour la réalisation d’une œuvre en façade du bâtiment qui les accueille, Manifesto, opérateur du lieu, et Sogelym Dixence, son propriétaire, ont choisi le projet de Cecilia Granara.

Ayant vocation à témoigner de l’énergie de POUSH comme de l’implication de ses artistes sur le territoire de Clichy, l’œuvre de Cecilia Granara adresse un signal poétique et aérien témoignant de la vitalité continue des artistes en cette période de crise. Pensée depuis l’intérieur du bâtiment, l’œuvre est visible jusqu’à la fin de l’année sur la façade vitrée sud, côté boulevard périphérique.

Avec l’œuvre Transformant, Cecilia Granara façonne des formes de papillons sur la surface intérieure de chaque fenêtre sur plusieurs étages non occupés. Emblème de la métamorphose et de l’éphémère, le papillon représente l’activité et l’évolution des artistes, mais aussi l’énergie créative de cette occupation temporaire au cœur du Grand Paris. Le motif du papillon est ponctué d’yeux, révélant le travail des artistes qui, dans leurs ateliers, transforment la manière dont nous percevons le monde.

Entretien avec Cecilia Granara par Elisa Rigoulet 

E.R. : On retrouve le motif du papillon très souvent dans ton travail. Que signifie-t-il pour toi ? 

C. G. : Au départ, je n’étais pas sûre de ce que le papillon représentait pour moi. J’étais guidée par le désir de dessiner et peindre cet animal. J’ai compris que, pour moi, il était associé aux émotions fortes, à la fragilité et, de manière plus allégorique, à l’idée de la transformation.

Tout cela correspond à l’activité des artistes en quelque sort. Les artistes sont des êtres sensibles qui voient beaucoup de choses. C’est pour ça que j’ai voulu aussi ponctuer ces lignes avec des yeux. Le papillon a deux corps en une vie, je pense que les artistes opèrent pareil, ils/elles transforment des choses immatérielles (les idées) en objets qui existent physiquement dans le monde.

E.R. : Comment passes-tu du travail de la peinture à un travail à bien plus grande échelle, de l’ordre de la sculpture monumentale et de l’installation ? 

C. G. : Par le dessin. J’ai utilisé des photos de la façade de POUSH sur lesquels j’ai dessiné les motifs inspirés par la peinture. Quand le projet a été retenu, j’ai contacté deux artistes, Amin et Ridwan Bidar, qui travaillent avec des lumières LED, et nous avons développé un prototype ensemble. Donc, dans une seconde étape, on passe de la peinture à une œuvre de cette échelle grâce à la collaboration avec d’autres artistes.  

E.R. : Cela implique une dynamique de travail radicalement différente. Du contrôle absolu de la peintre, tu délègues pour la première fois pour réaliser une œuvre collaborative. Raconte-nous.

C. G. : La collaboration était essentielle au prototype du montage. C’était stimulant de travailler avec autant de nouvelles matières, de découvrir leurs limites et leur relation à l’architecture et l’espace. Comme dans la peinture, je me suis laissée guider par l’intuition. J’ai fait confiance aux artistes avec lesquels je travaillais pour donner forme aux sculptures. 

E.R. : Que dit finalement cette pièce de l’espace dont elle vient recouvrir la façade, de l’énergie de ce lieu et des artistes qui l’occupent ? Que voudrais-tu que les gens en perçoivent ?

C. G. : Ce qui est important, c’est le lien entre le dessin, simple et direct, et la sculpture qui en résulte. Dans la grande peinture qui a servi d’inspiration à l’œuvre  de la façade, les papillons agissent comme des talismans, ils dégagent de l’énergie et procurent de l’énergie. C’était important pour moi de les répéter, comme dans un mur d’ex-voto.   

Dans la peinture, chaque papillon est dessiné à l’intérieur d’un rectangle individuel. Chaque rectangle est lui-même contenu par un plus grand rectangle, qui est celui de la toile elle-même. En regardant l’architecture de la façade, la transposition de cette composition est venue très naturellement, car chaque fenêtre suggère un espace individuel qui contient l’univers d’un artiste. Le geste d’accentuer par la répétition chaque espace dévoile un collectif, un ensemble d’univers qui crée un univers total. L’individu et sa relation à sa communauté sont simultanément suggérés.

Cecilia Granara, <em>Transformant</em>, 2021 © Romain Darnaud
Cecilia Granara, Transformant, 2021 © Romain Darnaud
Cecilia Granara, <em>Transformant</em>, 2021 © Romain Darnaud
Cecilia Granara, Transformant, 2021 © Romain Darnaud
Cecilia Granara, <em>Transformant</em>, 2021 © Romain Darnaud
Cecilia Granara, Transformant, 2021 © Romain Darnaud
Cecilia Granara, <em>Transformant</em>, 2021 © Romain Darnaud
Cecilia Granara, Transformant, 2021 © Romain Darnaud