[Rift] Groupshow, une exposition de Melchior de Tinguy, commissariat Gia&Gia. Du 1er avril au 4 juin 2023.

Crédit Romain Darnaud
Crédit Romain Darnaud

Visite de l'exposition tous les mercredis à 18h45 (Inscription obligatoire)
Exposition du 1er avril au 4 juin 2023.

Melchior de Tinguy fait de la peinture le sujet même de son travail. La peinture en bâtiment, fraîche et ripolinée, celle à la chaux chargée et décorative, celle à l’huile profonde et hollandaise, composent le vernis d’un même ensemble : le décor de nos vies. À travers sa pratique, l’artiste ramène la peinture à sa texture ; un liquide gélatineux se déversant dans le monde en culture. Si un aplat nous fait croire par une succession de couches lisses et homogènes que nos rues sont sûres et que nos dieux existent, l’épaisseur par empâtement trahit la surface plane et rompt son illusion. Fait de références cumulatives, le travail de Melchior de Tinguy interroge l’histoire de la matière comme de celle de la matérialité et par là même rejoue l’histoire de la peinture.

Dans cette toute nouvelle série, chaque tableau se déploie comme un exercice autant que comme une tentative : dire la même chose chaque jour, en utilisant une langue différente chaque fois. Face à la patience et à la cohérence présupposées du travail artistique, il développe un usage personnel du quotidien où se mêlent impulsion et improvisation. Transformant, frénétique, ce qui lui tombe sous la main, l’artiste réorganise le réel. Il s’amuse du hasard et des rencontres, passe d’atelier en atelier afin d’y saisir chez ses pairs chutes et accidents. L’artiste ingère le plexiglas extrudé, la terre séchée ou le martyre en bois et les digère en nouvelles pièces. Pareil à des fragments de pratiques, éléments et événements extérieurs conditionnent les élans intérieurs. Les œuvres deviennent des structures ouvertes et élastiques, qui évoluent en fonction des ressources disponibles et du contexte donné. Chez Melchior, ce principe de capillarité ne se contente pas d’investir l’actualité du présent mais s’étend également dans l’épaisseur du passé. Ici, les vestiges d’aujourd’hui se conjuguent aux styles et aux mouvements d’hier. Du dénuement de Morandi à la plasticité de Rauschenberg, art pauvre et art pop se complètent et se contredisent. Pareil à des espaces de conversation, les œuvres de Melchior tissent un réseau d’interconnexions physique, historique et mémoriel. À la posture parfois cynique du pastiche postmoderne, prévaut toujours dans son travail un véritable enthousiasme métamoderne.

En fait, l’idée semble moins pour l’artiste de mobiliser un « nous » collectif que de le relier à un « nous » authentique et personnel, sous lequel s’agitent une constellation de soi, un parlement d’artistes.

Texte de Raphaël Giannesini

Crédit Romain Darnaud
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