Lisières, une exposition collective d’artistes de POUSH. Du 5 mars au 19 mai 2021.
LISIÈRES À L’ORÉE DES CORPS ET DE LA FORÊT Bruno Albizzati, Lucile Boiron, Anne Commet, Dana Fiona Armour, Bruno Gadenne, Laura Garcia Karras, Vincent Laval, Juliette Minchin, Alice Grenier Nebout, Lucile Piketty, Raphaëlle Peria, Sarah Valente, Ittah Yoda Une proposition d’Yvannoé Kruger
Les histoires commencent souvent à l’orée de la forêt.
Des mythes ancestraux aux contes pour enfants, la clairière est le lieu où l’on s’arrête un instant pour tenter de percevoir, à travers les branches et le vivant grimpant, les êtres qui y vivent et ceux que, tels des mirages, notre esprit s’invente.
En pénétrant dans cette forêt, des souvenirs enfouis, des peurs et rêves immémoriaux, des traditions populaires, des mythes et symboles plus récents surgissent au revers de sa lisière. En arpentant ses territoires et aux détours de ses troncs, où se cachent aussi bien chamanes sibériens que druides armoricains, les artistes procèdent eux aussi à de mystérieuses incantations. Ils nous racontent des histoires qui permettent d’accéder à leur vision du monde, qu’ils portent à notre connaissance à travers leurs peintures, sculptures et performances.
Au sortir du bois, on distingue une autre frontière, celle de la peau, territoire plus serré et étrangement intime. La peau accueille aussi toute une faune, invisible cette fois. La bouche et les yeux en sont ses clairières, des ouvertures qui plongent en profondeur pour avaler le monde et le scruter. Lisière du corps, elle offre mille entrées minuscules et matelassées à travers ses pores odorants. Elle est ce qui sépare le dedans du dehors, ce qui protège et rend vulnérable. Elle est aussi ce que nous avons de plus profond. Car l’épiderme provient des mêmes cellules embryonnaires que celles qui composent le système nerveux.
Malgré cette séparation originelle, la peau n’oublie pas qu’elle est sœur de l’esprit.
Et de nous remémorer le mythe d’Orphée et d’Eurydice, au détour d’une autre forêt.
Elle et l’esprit sont comme ces deux amants tenus à distance pour toujours, mais secrètement reliés. À fleur de peau. Comme si le dedans était remonté à la surface. Caresser la peau comme on caresserait une idée.
– Texte de Yvannoé Kruger