LA CHAROGNE, LA CHARADE, une proposition de Double Séjour avec Julian Farade & Sophie Lourdes Knight. Du 5 au 30 mai 2021.

Double Séjour – <em>La charogne, la charade </em> © Romain Darnaud
Double Séjour – La charogne, la charade  © Romain Darnaud

Double Séjour invite Julian Farade, artiste autodidacte qui, en explorant les émotions humaines, façonne un monde peuplé de créatures animales et imaginaires, et Sophie Lourdes Knight, artiste californienne basée à Londres exposant pour la première fois en France,  pour un Duo Show, “La charogne, la charade” curaté par Thomas Havet du 05 au 30 mai 2021.

L’exposition est visible sur rendez-vous, dans le respect des gestes barrières, du mercredi au samedi de 15h à 19h. 

Prendre rendez-vous : https://calendly.com/doublesejour/lacharognelacharade

Lettre à celle·celui qui lira 

L’écriture de ce texte vient en amont de l’exposition, l’exercice est donc celui d’une mise en scène de l’exposition tandis que ton temps (le ” tu “  est adressé à celle·celui qui lit ce texte) diffère du mien. Je ne peux savoir — là, maintenant — à quoi ressemblera l’exposition. J’ai quelques pistes dont le titre imaginé par le curateur Thomas Havet — ” La charogne, la charade ” — et certaines des œuvres qui seront présentées. J’imagine alors l’exposition — que tu es en ce moment en train de traverser — comme une nuit peu éclairée (comme une charade) avec peu de textes pour ” expliquer ” si ce n’est celui-ci (qui malheureusement n’expliquera pas). L’exposition est surtout un jeu et ce texte joue aussi au ” texte d’exposition présenté à l’entrée de la galerie “. J’imagine (car je ne peux qu’imaginer) une résonance particulière entre les oeuvres de Julian Farade et de Sophie Lourdes Knight et ce petit texte commencera par leurs différences et dérivera vers ce qu’elles ont en commun. 

Julian, j’ai lu un texte qu’on m’avait envoyé sur ton travail écrit par la curatrice Victoria Aresheva. Ça parlait de ” primitive figurative language “, d’ ” exotic landscapes “  ou encore de désirs et pulsions humaines, du drame humain qui serait l’envers de tes peintures ou pastels. Tes oeuvres, selon moi, n’ont rien à voir avec tout ça (avec une vision restant encore très occidentalo-centrée de la modernité). Pas de drame dans ton travail — je pense — mais un bouyon de lumières, de traits, de couleurs électriques, de désirs sans secrets. Des signes et des formes (toujours courbes, jamais angulaires) qui racontent très peu. 

Peut-être une mythologie opaque mais elle ne cacherait rien comme le ferait une charade. Tout sur le même plan, une sorte de graffiti de lumières, parfois des sexes (peut-être), mais nul ésotérisme ou sens caché. Bien évidemment il y a des inspirations (avons-nous parler de Basquiat ?), peut-être qu’il y aurait là comme des formes de processions. Il me semble qu’il y aura (qu’il y a) tes bas-reliefs dans l’exposition. On peut penser à Gauguin mais là encore, nul symbolisme. Tu n’es pas parti pour trouver autre chose ailleurs. 

Tout est là, sur la toile, rien derrière. 

Ce n’est peut-être pas le cas dans tes toiles Sophie, tableaux qui composent un théâtre de la peinture. Les signes ou symboles marchent souvent en binôme, ce sont comme des couples masqués. Dans un tableau : un dessin de mains et une fenêtre, dans un autre, une main et un poisson. Des binômes ou des symboles qui reviennent pour composer toute une dramaturgie de l’image et où le réel apparaît toujours dans une certaine forme de ” marchareta ” (mascarade) — alors que chez Julian Farade ça serait plutôt le délire d’un carnaval, le ” Mass ” (masque en créole) plutôt qu’une ” maschareta “. Il y aurait là quelque chose se rapprochant plus de la charade, d’un jeu d’envers et d’endroits, d’un travail de la matière où l’image (sa mise en scène) et l’espacement entre les figures racontent des histoires. Tout une mythologie énigmatique qui commence déja avec les titres. 

À la fin, j’ai tout de même l’impression que les peintures (celles de Julian Farade et de Sophie Lourdes Knight) participent toutes deux au mouvement plus global d’une figuration presque incantatoire, cela, pour enchanter le réel et s’émanciper d’une certaine Raison composant en dualismes excluants. 

En scène de conclusion, deux manières d’imaginer le monde. L’imaginer comme une forme de rondes dansantes, de processions (Julian) ou bien comme une charade, un théâtre d’illusions (Sophie). Comme une joie ou comme une angoisse. 

Ce petit texte sera imprimé demain et mis en place. Il attendra le ou la lecteurice qui le lira. Je n’ai fait, ici, qu’imaginer l’espace, espérons maintenant que cette mise en scène s’accordera avec celle de l’exposition réelle…

Texte de l’exposition par Chris Cyrille-Isaac 

Double Séjour – <em>La charogne, la charade </em> © Romain Darnaud
Double Séjour – La charogne, la charade  © Romain Darnaud
Double Séjour – <em>La charogne, la charade </em> © Romain Darnaud
Double Séjour – La charogne, la charade  © Romain Darnaud
Double Séjour – <em>La charogne, la charade </em> © Romain Darnaud
Double Séjour – La charogne, la charade  © Romain Darnaud