Faux départ, une exposition de Maxime Bagni & Anne-Laure Peressin. Du 3 au 13 septembre 2025.
Faux départ, la nouvelle exposition de Maxime Bagni commissariée par Anne-Laure Peressin, investit les sous-sols de POUSH à l’heure où le lieu s’apprête à fermer ses portes.
Ce contexte de déménagement imminent devient la matière première d’une fiction immersive, construite sur le motif du départ.
Au bout d’un couloir sombre, un espace déserté. Bureau ? Atelier ? Entrepôt ? Les traces d’un occupant anonyme s’y accumulent : un faussaire obsédé par la recréation scrupuleuse d’objets usuels. Ici, tout porte sa signature méticuleuse : il en conserve la forme, mais altère la matière, détourne la substance et en neutralise l’usage. Des crayons à papier sculptés en métal jusqu’aux fragments de sol fracturés puis recomposés dans une logique qui nous échappe.
Rien n’est ce qu’il paraît. Et pourtant, rien ne cherche à tromper. L’illusion n’est pas un piège mais une hypothèse. Ces objets, impeccables et inopérants, déplacent le réel vers un double plus concret que l’original : un simulacre¹. Détachés de toute expérience vécue, ils ne renvoient plus à un référent mais à une réalité reconstruite — hyperréelle — où la simulation précède, remplace et finit par dissoudre ce qu’elle représente.
La fiction atteint son point de tension dans la mise en scène du « départ » du faussaire — orchestré par lui-même. Dans l’espace, une paire de jambes noires, démultipliée, court sur place devant une porte fictive. Plus loin, mobiliers désinstallés, fenêtres factices posées sur des chariots, éléments de décor déplacés ou neutralisés. Tout semble prêt à être emporté, mais rien ne quitte les lieux.
Ce n’est pas un déménagement. C’est l’ultime simulacre d’un départ : un acte calculé d’évasion où l’absence se fait présence, et la disparition, une mise en scène. Ici, l’œuvre ne se contente pas de reproduire le réel ; elle le subvertit, le déplace, et le fait basculer dans une zone trouble où il n’est plus question de distinguer le vrai du faux.
¹Jean Baudrillard, Simulacres et Simulation, 1981 : théorie selon laquelle la simulation ne se contente pas de copier le réel, mais produit un simulacre, un double autonome, plus réel que le réel lui-même, qui efface la distinction entre réalité et représentation.
Cette exposition a lieu dans le cadre des Duwoshows.
Du 3 au 13 septembre 2025, du mercredi au samedi, de 15h à 19h, Rift
Inscription gratuite ici