Exposition Une Pastorale de Maxime Testu. Du 5 octobre au 9 novembre 2024.

Courtesy de l'artiste
Courtesy de l'artiste


[…] Fabriquer le châssis, tendre la toile, manipuler le tableau, c’est s’assurer de ne pas dissocier l’activité pragmatique de l’activité symbolique de l’artiste. Barnett Newman expliquait qu’avant de commencer de nouvelles toiles, il prenait le temps de tendre, détendre, et retendre la toile brute sur le châssis, afin de la faire rétrécir et de la rendre « inerte ». En supprimant ainsi la qualité « sentimentale » du matériau, Newman prétendait couper court à la tentation de produire un objet d’art exclusivement esthétique.

Par des procédés « anti-techniques » assez semblables, Maxime Testu tente de donner à sa toile une présence éteinte, mutique, « taiseuse », pour filer la métaphore du monde agricole. En appliquant des couches de lavis teintés de rouge, vert, bleu ou jaune, il obtient une surface homogène, souvent assez terne, dans laquelle le dessin au fusain est fondu dans la couleur. Par leurs proportions et leur facture, leurs teintes sourdes, les tableaux de Maxime Testu évoquent l’ambiance « philosophique » de la peinture colorfield. Mais l’esprit de sérieux associé à cette période héroïque des dernières avant-gardes semble se dissiper comme une brume matinale au son de la flûte dissonante du berger.

Bizarrement, bien des œuvres associées à l’art d’avant-garde sont directement ou indirectement inspirées de la pastorale : Le Sacre du printemps de Stravinsky, les tableaux de Matisse comme La Joie de vivre ou La Danse... La peinture de Maxime est peut-être une déclinaison de ce « primitivisme d’avant-garde » qui se réapproprie en temps réel les items circulant dans le monde de l’art contemporain (en l’occurrence ici, néo-ruralité, artisanat, peinture figurative etc.) pour les retourner en sujets « froids », créant ainsi une espèce de dystopie référentielle perverse et délectable, en sous-texte d’une œuvre accessible au premier degré par le prisme de la figuration et de la couleur.

- Extrait du texte d'Hugo Pernet

Une proposition de Maxime Testu
Du 5 octobre au 9 novembre 2024, les vendredis et samedis de 14h à 19h
Vernissage le 5 octobre de 16h à 20h
Gratuit, inscription ici

Crédit Romain Darnaud
Crédit Romain Darnaud
Crédit Romain Darnaud
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