Duwoshow. 12-16 septembre 2023.

Visuel Xolo Cuintle et Juan Gugger
Visuel Xolo Cuintle et Juan Gugger

Durant le mois de septembre, les 2000m² de la Coupole s'offrent aux propositions des Poushistes. 3 soirs. 3 duoshows. 3 vernissages.

Crédit Simon Jung
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Crédit Simon Jung
Crédit Simon Jung
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Arda Asena et Valentina Canseco 
Interlaced / Entrelacés
Mardi 12 septembre (17h-21h)

Crédit Simon Jung
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Hélène Labadie et Simon Zaborski
Cherry Bomb
Samedi 16 septembre (14h-18h)

Crédit Simon Jung
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Xolo Cuintle et Juan Gugger, Commissariat Dayneris Brito
Point de Fusion

Jeudi 14 septembre (17h-21h)

En chimie, un point de fusion se produit lorsque la matière à l'état solide fond et passe à l'état liquide. Au cours de cette transition, le solide et le liquide coexistent dans le même fragment de temps, à une température constante qui rend ce phénomène possible. La fusion est donc un processus de changement de phase -du solide au liquide - qui s'opère en introduisant de l'énergie thermique dans le système ou la substance, ce qui accélère le mouvement des atomes, augmente les collisions entre eux, brise la structure rigide et, par conséquent, s'écoule.

Encouragés par l'idée de ce processus chimique, les artistes Juan Gugger et Xolo Cuintle (Romy Texier et Valentin Vie Binet) décident de se rencontrer dans un équilibre thermique, non pas parce que leurs discours coïncident notamment en termes de concepts, mais en raison de l'intention qui leur est donnée : celle de la coexistence. Dans l'architecture horizontale de la coupole de Poush, où résident leurs espaces d'ébullition et de création, les artistes se demandent ce que c'est que d'éroder, de confluencer, de cohabiter un espace d'environ 2000 m2 avec une histoire industrielle et désormais artistique-expositive, en respectant son architecture et en proposant une autre manière d'intervenir sur la coupole.

Ainsi, Point de fusion est une rencontre fortuite. Une éclosion. La superposition de deux écosystèmes apparemment isolés qui se rencontrent pour la première fois. Une réaction chimique où matières et formes veulent converger dans une même chorégraphie : une chorégraphie du subtil et du physique. Curieusement, un point de fusion est aussi une régression vers la matière originelle, une distillation de la matière à la recherche de la substance brute. En associant les deux esthétiques, un champ miné de relations se crée entre le naturel et l'artificiel, l'organique et le non-organique, ce que l'on voit et ce que l'on ne voit pas, la matérialité et l'éthéré. En effet, une potentialité dénotée par l'étrange qui propose la construction de nouveaux univers éphémères, intemporels et mystiques.

Juan Gugger est un artiste mental dont le processus créatif est basé sur un temps de réflexion et sur ses expériences de vie conditionnées par l'opérabilité du système artistique actuel. Ses œuvres établissent des systèmes complexes de création qui partent d'un état d'esprit ou d'une obsession spécifique. Elles deviennent ainsi des environnements et des sites spécifiques qui suggèrent de nouveaux états de conscience sociale, politique et conceptuelle.

Son discours se concentre sur l'impermanence des matériaux et leur - possible - signification, ainsi que sur les complexités de la production matérielle de la vie contemporaine. Pour ce faire, il récupère des objets résiduels ou hors-circulation, développant un geste répétitif de production quasi-industrielle de l'objet trouvé ou ready-made.

Il ne s'agit pas seulement de re-signifier le symbole du déchet pour le confronter à sa fonctionnalité ou à sa subjectivité, mais de le récupérer, de le reproduire, de l'assembler et de le réutiliser comme une action de résistance à la perte de matérialité, en offrant à l'objet d'autres vies et interprétations possibles. De manière générale, il s'intéresse de façon récurrente à l'architecture, non seulement pour ses installations de nature spatiale, mais aussi pour l'attention qu'il porte à l'échelle et à la tridimensionnalité. Son travail explore la relation entre les matériaux extraits de la nature et ceux produits et standardisés par l'homme dans les machines du système capitaliste.

Xolo Cuintle utilise des matériaux typiques de la construction industrielle tels que le béton pour créer des structures et des formes inhérentes à l'espace intérieur domestique : chaises, pots, lampes, fleurs, plinthes, etc. Intéressés par l'ornementation et ses représentations, ils partent de cette origine et la dépassent, signant leurs sculptures qui parlent davantage de temporalité et d'intertextualité que de la fonctionnalité même des artefacts. Leurs œuvres sont des objets hors du temps, anachroniques. Elles créent des végétations artificielles et imaginaires dans un non-espace et un non-lieu. Il n'y a pas de contextualité spécifique dans les sculptures de Xolo Cuintle, mais plutôt une intemporalité qui est tracée dans la dualité entre le passé et le futur, le naturel et l'artificiel, la matérialité et l'éther.

Parfois, ils construisent des paysages impossibles, des living rooms et des scénographies ancrées nulle part, composées d'objets concrets qui semblent avoir toujours existé, "enracinés" dans le sol. Des atmosphères flottantes dans lesquelles nous ne comprenons pas si quelque chose est sur le point de se produire ou si tout est déjà passé. Dans d'autres, ce sont des végétations fictives qui trouvent refuge dans l'espace de l'artificiel : arbres chandeliers, fleurs rebondissantes qui germent dans un sol en béton, plantes résilientes qui se réadaptent à l'hostilité et à la tension d'un climat défavorable pour germer, croître et même illuminer les nouveaux paysages à venir. Des conceptions qui nous amènent à une double dimensionnalité : celle que nous habitons, ici et maintenant, et une autre imaginée et future.

Dayneris Brito, commissaire.

Crédit Simon Jung
Crédit Simon Jung